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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
9 novembre 2014

65 - "Bataille de Verdun" : Villa Eugène - Vaux-Chapitre

  Deux ou trois jours après notre arrivée dans cette triste ville, que je connaissais déjà pour y avoir fini mon sevice militaire quatre ans auparavant, nous avons circulé un peu de tous les côtés. Le bureau du colonel était installé près de la cathédrale. Un jour que j'y étais allé,de grosses marmites tombaient dans ces parages. Les pompiers de Paris détachés dans cette ville avaient parfois fort à faire pour éviter aux incendies de prende de l'extension. Toute la journée ils étaient à l'oeuvre malgré les bombardements frequents ; ils restaient sur les lieux du sinistre. Il était absolument inerdit de faire des photos, aussi mon appareil étant un peu encombrant, je ne pouvais pas en faire sans courir le risque d'être aperçu. Seuls ceux qui avaient des " Vest pocket" pouvaient-ils en faire. Dans toutes les rues il y avait des amas de pierres qui réduisaient les chaussées. L'on parlait aussi à ce moment là d'une histoire qui a beaucoup fait parler d'elle. On montrait une boucherie où parait-il des poilus surpris à faire le pillage de la ville, furent arretés par des gendarmes qui les auraient pendus à l'étal d'un boucher ; personne n'a jamais su si cette histoire était vraie, ou tout bonnement lancée par quelques poilus à court de nouvelles. En tout cas elle était connue de presque tout le monde à Verdun.

 Nous sommes rassemblés près des bastions à côté de notre villa, les poilus sont approvisionnés en munitions, en outils de tranchées, en vivres. Dans le jus donné à la tombée de la nuit, au moment de nous remettre en route l'on ajoutait de la "gnole" sorte d'eau-de-vie spéciale pour les polus (probablement eau-de-vie de poudrette !!). Certains poilus avaient bu plus que de raison et étaient exités, d'autres avaient au contraire les jambes molles alors qu'il aurait été préférable qu'ils furent fermes. Des appels de l'effectif se font. Ceux qui habituellement ne montaient pas en ligne en raison de leurs fonctions cuistots ou aides cuistots, étaient du nombre des combattants. C'était la première fois que cela se voyait. Plus d'embusqués, plus besoin de cuistots, l'on magerait froid. Beaucoup n'eurent pas l'occasion peu après de toucher à leurs "boites de singe" ou bidons de pinard pour une raison majeure.

DSCN9666

 

Verdun "Villa Eugène" Sortie de la ville 24 heures avant notre départ pour Vaux.

  

 Enfin, nous quittons la ville et traversons le faubourg pavé pour nous diriger dans l'obscurité à travers champ vers une hauteur. Nous trouvons peu après un chemin en très mauvais état qui est assez surelevé comme nous l'apprenons grâce aux fusées lointaines.

  La liaison était en tête de colonne, personne ne savait bien au juste où nous allions. L'on parlait d'attaque vers le front de Vaux. Cela nous suffisait. Les poilus suivaient en assez bon ordre, mais il y avait cependant quelques trainards et étions obligés de ralentir notre marche pour ne pas les semer en route. Il faisait lourd, nous étions fin août, les capotes, les armes, les munitions, les vivres, le mauvais chemin et l'obscurité étaient autant de raison de fatigues augmentées pour ceux qui avaient levé le coude avant de quitter Verdun.

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