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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
5 décembre 2014

69 - "Bataille de Verdun" - Honte sur notre Commandant... 31 août 1916

  Nos approvisionneurs volontaires ont eu de la chance en allant la nuit aux vivres ; c'est surtout d'en revenir ! Aussi nous avons décidé les dernières nuits de nous passer de leurs services, ils risquaient vraiment trop en allant vers le Fort de Souville. Non seulement ils s'exposaient, mais les bidons l'étaient aussi!! Nous ne pensions pas à cela, mais nous leur avons dit pour les décider à rester avec nous. Notre cycliste a trouvé un truc pour nous approvisionner rapidement sans aller loin. Près de l'entrée de la carrière des tirailleurs possesseurs de bidons de deux litres venaient d'être tués, aussi à la tombée de la nuit à l'aide d'un coupe-coupe des noirs il nous rapporta des bidons plein d'eau. Nous avions ainsi une petite provision nous permettant d'attendre.

  Toute la journée nous regardions du côté des lignes. Tous nos camarades étaient là, exposés à la mitraille comme jamais cela ne s'était encore produit. Les obus ne cessaient de bourdonner au dessus de ce champ de bataille ou de carnage. Tous les soirs des blessés arrivaient par petits groupes et comme toujours avec la conviction que la guerre était finie cette fois pour eux. Dans le courant de la nuit des brancardiers allaient ramasser les grands blessés. Un sergent Martiniquais appelait, il avait un bras arraché m'a t-on dit. D'autres étaient blessés aux jambes, ds poilus allaient vers Souville chercher des vivres. les agents de liaison communiquaient avec leur compagnie ; enfin toute la nuit, il y avait un va et vient incessant entre les hommes en lignes et l'arrière. Nous recevions chaque soir la situation des Compagnies, nous savions combien le Bataillon avait perdu d'hommes par 24 heures et le Commandant eut cette parole que je puis qualifier de honteuse : "Comment il n'y a que cela de tués aujourd'hui?". Comme je lui marquais ma surprise de l'entendre raisonner ainsi, il s'est écrié naïvement :" hé oui, s'il y en avait plus nous serions relevés plus vite"...charmante réflexion d'un Chef de Bataillon, qui restait enfoui au fond de son trou et qui vers midi et sept heures du soir était mécontent si son repas semblait ne pas devoir être prêt à l'heure prescrite. Pour lui il fallait exposer les hommes pour aller vers Souville. Non seulement il était froussard, mais il n'avait pas même la pudeur de le cacher ni même l'idée de se montrer généreux. Il n'est pas dû à tout le monde d'être brave, c'est difficile à acquérir mais ce n'est pas difficile de chercher à épargner la vie des autres quand elle est dans votre main! Nous devions encore plus d'une fois le juger à l'oeuvre, même avant la fin de cette période.

 Dans la nuit du 31 août des blessés légers reviennent des lignes avec quelques boches qu'ils avaient cueillis en cours de route ces derniers marchaient d'un bon pas vers nous. Pour eux c'tait la fin de la guerre, ils ne se faisaient pas prier ensuite pour traverser le ravin de la Mort, la libération était au bout de cette dernière épreuve.

  

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