47 - Mon travail au Camp Joffre

  A Moulinville je ne faisais pas seulement que d'aller mettre le courrier dans le sac du vaguemestre, je descendais dans une cave où était installé un dépôt du génie et je remettais à tous les hommes du Bataillon en réserve qui allaient chaque nuit faire des travaux en ligne, soit un rouleau de barbelés soit des piquets. Les poilus se mettaient par deux pour prendre ce matériel, le rouleau était passé dans les piquets et le tout posé sur leurs épaules, ainsi les fils de fer n'étaient pas dangereux à porter. Quand les fantassins me voyaient leur faire cette distribution, ils ne cessaient les uns après les autres que de grogner, d'en dire contre un Maréchal des Logis de Cavalerie bon à rien !...Enfin une fois que tous les hommes étaient chargés la colonne se mettait en marche en direction des lignes en avant de Moulinville-Basse. Je les accompagnaient, personne ne se plaignait plus ou tout au moins pas plus qu'à l'ordinnaire, toujours un peu.

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En bordure du canal des camions descendent à vide, d'autres remontent rapportant des canons et des munitions. -25 avril 1916 -

 Une fois, au Camp Joffre je trouve un obus Boche non éclaté, le tube central contenait la matière explosive encore intacte; je le porte au Commandant pour lui montrer ce cas curieux, inutile de dire son émoi ! il a fallu porter cet engin au plus loin, en ayant pris soin d'en faire auparavant une photo. L'adjudant Papin tenant une serviette blanche en arrière pour permettre de voir le tube intérieur.

 Au milieu du mois de mai, nous allons passer une partie de la journée à gauche du fort de Moulinville, sur la hauteur aux ouvrages d'Eix, d'où nous dominions ce pays, où nous prenions les ligens le soir. De l'ouvrage d'Eix nous pouvions voir les forts de notre gauche du côté de Damloup et observer les nombreux bombardements sur toute cette partie du front.

Ouvrage d'Eix

 Le soir en file indienne nous descendons sur Eix à peu de distance devant nous. Le chemin n'est pas bon, beaucoup de cailloux et de trous d'obus, mais pas impressionnant ; ls boches ayant été calmes ce soir là.

 A l'entrée du village un boyau s'amorçait au tournant de la route. Nous nous y engageons pour prendre nos positions.