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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
25 avril 2014

46 - Suite du camp Joffre

  Nous faisions tout le temps la navette entre les lignes et le repos, soit au camp Joffre soit aux péniches amarrées sur le canal au sud de Verdun. Nous avons quitté la droite de Moulinville pour couper le secteur de Moulinville-Basse, composé d'un reste de château et un peu en avant d'un pan de mur qui marquait l'emplacement d'une petite halte de chemin de fer, c'était les lignes.

 Nous étions installés dans les caves du château : La liaison avec notre Commandant et son second le Capitaine Derolles de Montpellier aussi brave que lui, des téléphonistes et quelques mitrailleurs.

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 Dès notre arrivée je fus chargé de renforcer les voûtes de la cave. J'avais comme ouvriers les agents de liaison qui n'avaient pas pour habitude d'aimer les travaux manuels, aussi je devais mettre souvent la main à la pâte quand il y avait quelque chose à faire et puis je dois l'avouer j'aimais bricoler.  Nous avions à notre disposition de grosses poutres ; nous en mettions d'autres en travers dessous et dessus, les unes pour empêcher nos pieux de s'enfoncer dans le sol, les autres pour soutenir le plafond de la cave. La pièce au dessus de nous était le salon. Il y avait encore au début une pendule ancienne, un secrétaire et autres meubles vite disparus. Sur le plancher durant les accalmies nous mettions de grandes pierres comme pare-éclats. Quand un obus traversait un mur nous venions peu après prendre nos matériaux pour en couvrir le sol ; les boches nous aidaient dans notre travail...

 Un obus est tombé un soir contre le mur du château et à éclaté dans le jardin. La déflagration a poussé le mur de la cave tuant un mitrailleur qui était couché la tête contre le mur. Notre abri n'a pas autrement souffert.

 Tous les soirs dès la tombée de la nuit je devais porter le courrier du Commandant et du Capitaine à Moulinville. Le Capitaine ayant toujours peur que sa lettre vienne à manquer la levée tenait-il à ce que je ne parte pas en retard. il était toujours disposé à m'expédier en plein jour. Je crois que si sa lettre n'avait pas couru de risques il l'aurait fait plus d'une fois.

 Dès que j'avais mes papiers et même avant d'en recevoir l'ordre, je m'élançais à l'aventure. Je conaissais les coins où je devais passer ; les boches tiraient toujours aux mêmes heures et aux mêmes dendroits. Quand j'arrivais à une vingtaine de mètres du cimetière les 77 arrivaient, puis un petit arrêt de tir, je passais sans me presser, le tir recommencait. A mon retour dans la nuit même manoeuvre. Je prévenais chaque fois les poilus que je rencontrais et qui ne savaient que faire devant ce barrage. J'allais me mettre à la disposition de leur officier et tous me suivaient.

 Nous finissons le mois d'avril à Moulinville-Basse.

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