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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
8 avril 2014

43 - Installation

  Comme presque toutes les maison du village, la nôtre est encore intacte. Nous nous installons dans une salle à manger pour copier les décisions et aussi pour prendre nos repas. Nous trouvons le buffet garni de vaisselle, des nappes blanches et des serviettes. Le Commandant et ses ordonnances s'installent tout bonnement à la cuisine, ils n'étaient que trois et nous une dizaine. Du reste le Commandant trouvait cela plus logique et mieux que cela c'était son ordonnance qui venait nous apporter nos plats! Tout est en place sur la cheminée, garniture et pendule. La suspension par mesure de précaution est soigneusement enveloppée d'une gaze. Nous pouvions changer plusieurs fois d'assiettes, il n'y avait qu'à en prendre dans le buffet.

 Le quatrième jour que nous étions là justement à table, venant du couloir sombre quelqu'un frappe à la porte et entre - c'était notre Colonel Hazenwinckel à la recherche de son ami le Commandant du Mesnil (de Metz comme lui). Il était stupéfait de nous voir ainsi installés au milieu d'un coquet intérieur auquel il était loin de s'attendre. Il n'est pas moins étonné d'apprendre que le Commandant déjeunait à la cuisine et c'est avec le sourire qu'il y pénètre.

 Cette visite des lieux était un changement de positions. Il venait reconnaître son nouveau Poste et nous annoncer que nous allions nous installer en lignes un peu sur la droite du pays à la côte 239.

 Les boches marmittaient depuis quelques jours le Fort de Moulinville avec des 420. De temps en temps nous entendions un roulement aérien puis une forte secousse ébranlait tout, enfin une gerbe de terre et un nuage de fumée nous indiquait que le Fort encaissait une fois de plus. Je m'installe au premier de notre maison pour prendre des instantanés, mais l'éclatement en empêche la netteté.

 Nous nous installons dans nos tranchées faites à flanc de coteau. Nous dominons toute la plaine vers Etain. Nous voyons tout notre front au dessous de nous d'Eix à Chatillon où est étendue la Division. Pour ma part au lieu de coucher avec le Commandant et la liaison dans un gros abri sombre où je ne pouvais rien faire, je me suis installé dans un petit abri individuel que j'ai organisé. J'avais au dessus de la tête environ 20 cm de terre en guise de pare-éclats. C'était surtout un abri moral. Pour éviter l'eau d'y entrer j'ai mis un soir sur le dessus un carton bitumé que j'ai déniché retenu ensuite par des pierres assez grosses. Je pouvais lire, déjeuner et m'allonger en "paix".

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