36 - Ferme de Quercigny

  Le Bataillon occupait le secteur de Lanfroicourt et des postes environnants. Une Compagnie était toujours en réserve (ou au repos). A côté de la ferme se trouvait le P.C. du chef.
 Il y avait un roulement entre les Compagnies pour l'occupation des tranchées.

 A gauche de la ferme de l'autre côté de la route, il y avait un petit bois occupé par des territoriaux, qui eux ne prenaient jamais de repos à l'arrière comme nous, lorsque nous allions à Bouxières. ILs étaient un peu comme du matériel de secteur, ils restaient là, prenait la garde sur une partie du front devant eux. C'est dans cette Compagnie de Territoriaux que se trouvait M. Marcel Gomont faisant fonction de Sergent-Major. Dans le bois à droite de la ferme où une Compagnie venait en réserve, la 21e C° commandée par le Capitaine Merceron restait à son tour environ une semaine. M. Merceron que je rencontre souvent à Paris est un ami de Marcel Gomont, ils font des affaires ensemble.

 Nous avons fini l'année 1915 dans ce secteur - à la ferme de Quercigny ainsi qu'à Bouxières-aux-Chênes.

 Il n'était pas rare de trouver dans les champs aux environs de la ferme, des obus boches non éclatés.

 Étant à la ferme de Quercigny, je partais tous les soirs à la tombée du jour, porter à cheval, les rapports de la journée au bureau du colonel installé à Bouxières. J'en rapportais ses ordres. Je prenais donc chaque jour "Pattes à ressorts" qui se trémoussait sur le bas côté de la route. Il trottait sec et avait un galop court et fatiguant.

 Fin décembre, nous venons à nouveau au repos à Bouxières. Nous profitons de certains beaux jours froids pour organiser des parties de foot-ball "association" auxquelles je prenais part, mais le foot-ball "rugby" jeu plus vif remportait beaucoup plus de succès et aussi plus de risques. Dans ce jeu les parties sont toujours des plus acharnées. Les joueurs ont le droit de s'accrocher aux jambes de leurs adversaires quand ceux-ci courent avec le ballon dans les bras. Les chutes succèdent aux chutes. De temps en temps les joueurs se rassemblent, les deux camps se serrent pour ne former qu'une masse! Un équipier resté à côté lance alors le ballon dans la "mêlée" et les poursuites reprennent.

 L'église de Bouxières est semblable aux autres églises des pays où nous avions cantonné jusque là, en ce fait qu'elle était privée de toiture et plus qu'à moitié démolie.

 Nous avons un jour une délégation d'Officiers neutres venus visiter les différentes parties du "front".

Les autos les laissaient sur la place principale et de là, ils se rendaient vers les lignes avec des officiers d'Etat-Major. Nous voyons arriver des suédois, des norvégiens, des siamois etc...

 Du haut de l'arbre servant d'observatoire où il était facile de monter grâce à une échelle, l'on pouvait apercevoir les lignes et surveiller certains tirs d'artillerie.

Bouxières-aux-Chênes vu de l'arbre observatoire.

 La neige fait ensuite son apparition et tombe en abondance couvrant toute la campagne. Notre village est tout blanc. Nous passons notre réveillon à Bouxières.

Jean Bousquet

Stalactites dans l'abri.

Comments

[Pascale]

Sa fonction durant la guerre était d'offrir un abri pour les poilus. Il y cantonnaient.

[cadot4]

J'ai des dessins et photo de la ferme de Querciny faits par un poilu en mai 1917



Je cherche la fonction de cette ferme