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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
23 décembre 2013

13 - Secteur de la Ferme Saint -Jean

  Notre Division était du 18e Corps, c'est à dire ayant pour centre Bordeaux. Il était formé en fait de Régiments d'Infanterie par le 323 de la Rochelle ; le 206 de Saintes, le 344 de Bordeaux et le 234 de Mont-de-Marsan. J'étais donc avec des charentais, tous de braves réservistes.

 Le 2 décembre, nous quittons le village pour nous installer à peu de distance de là, à la ferme Saint-Jean, remplacer un Bataillon du 234 où nous étions allés en reconnaissance la veille le Commandant et moi. Cette ferme était presque entourée de bois (sur trois côtés). Les compagnies occupaient le front, un front aussi calme que celui du secteur d'où nous venions. Une compagnie tenait les lignes au village de Moncel, une autre était dans un bois sur la droite ; une troisième était en ligne à Sorneville encore un peu plus sur la droite, petit village dominant la région et qui recevait de temps en temps des obus. La 4e compagnie était au repos en partie dans le bois de la ferme et aussi à la ferme même.

 Les compagnies changeaient de secteur à tour de rôle. Il y en avait ainsi toujours une en réserve disponible en cas de besoin.

 Avec la corvée de ravitaillement je vais de nuit à Moncel, en passant par la route mais en évitant de faire du bruit. A cette époque il n'y avait pas encore de tranchées pour relier le village et les autres postes avec l'arrière. S'il y avait eu une attaque en plein jour les renforts auraient été obligés de s'y porter à découvert. La guerre de tranchées ne faisait que commencer. Nous marchions par petits groupes sur le bas coté de la route. En plus des vivres nous apportions un peu de matériel pour organiser le secteur. Pour ma part je portais un rouleau de fil de fer. Le village de Moncel était environ à 3 kilomètres de la ferme Saint-Jean en contre-bas d'un mamelon et en bordure de la Seille, petite rivière qui était avant guerre en limite de la frontière. Les boches étaient de l'autre coté sur un coteau, au haut duquel était une ferme "Bezanges" que l'on voyait de loin et d'où ils pouvaient également nous voir. Au moindre bruit ils tiraient des coups de fusils ou de mitrailleuses en prenant d'enfilade la rue principale du village. De temps en temps le crépitement d'un "moulin à café" suivi d'une fusée rapide indiquait que les boches ne dormaient pas. La 21e compagnie qui était de garde ce soir là, avait son poste de commandement et bureau à l'entrée gauche du pays par une porte cochère. Sous une voûte l'on descendait dans une cave où des hommes étaient installés autour d'une bougie et d'un bon feu de bois. On avait pris soin de fermer toutes les ouvertures donnant du côté du front pour éviter les lueurs et points de repère. Toutes les maisons communiquaient entre elles par les caves, les murs avaient été ouverts à cet effet. En cas d'alerte les hommes pouvaient se porter d'un point à un autre sans sortir dans les rues. Dans la journée ils profitaient de leurs longues heures de loisir pour visiter les armoires et bibliothèques, voir même de changer de linge avec celui laissé par les habitants au moment de leur fuite précipitée. Ne trouvant pas tous des chemises d'hommes il y en avaient qui avaient trouvé bon de mettre des chemises de femmes.

 

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Commentaires
R
En fait il n'y a pas plus de date que ce que j'écris. Il dit 2 décembre, c'est le 2 -12-1914
A
Excuse moi Pascale, à chaque fois que tu écrit l'article, tu mets la date, mais pour eux, c'est de quelle date? ça se passe aussi en Janvier?
R
Ca ce n'est pas dit.....mais surement.
F
correction :<br /> <br /> plein d'infos inattendues. De quelles origines sont les ravitaillements ? de l'arrière ?
F
plein d'infos inattendus. De quelles origines sont les ravitaillements ? de l'arrière ?
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