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Journal de guerre de Jean Bousquet 1914-1919. Cliquez ici pour voir tous les messages les uns sous les autres...
22 décembre 2013

12 - Notre arrivée au 206

 Carné devait se rendre le soir même à Hoéville distant de 6 à 7 kilomètres de là. Il était affecté au Commandant Revol du 5e bataillon. Il est parti dans la nuit avec un Dragon de l'escorte du Colonel. Il m'est arrivé par la suite d'aller lui rendre visite.

 

1915 010

Maréchal des Logis Carné et Jean Bousquet. Agents de liaison détachés au 206e R.I.

 

 Quant à moi, j'étais attaché auprès du Commandant Du Mesnil du 6e Bataillon justement cantonné à Erbéviller ; heureusement pour ma jument qui ne devait pas être fâchée de se reposer d'une journée entière de marche. Cette première nuit passée dans une bicoque à tous vents n'a pas été chaude, je n'ai pu dormir ni m'allonger. J'étais assis sur un sac, la tête appuyée sur ma selle en guise d'oreiller. J'avais les pieds gelés, il me tardait de voir arriver le jour pour marcher. Le lendemain je fais la connaissance du Commandant Du Mesnil. J'ai tout de suite été rassuré sur son compte. C'était un grand et brave homme au verbe haut, ne ménageant pas ses jurons à l'occasion, brave et décidé, ne craignant personne, pas même les autorités supérieures! Au début de la guerre il commandait une compagnie de Bataillon (la 24e) et s'était parait-il distingué au cours de l'attaque de la forêt de Champenoux où fut tué le Colonel et le Commandant dont il prit peu après la succession.

 

1915 005

1914. Erbéviller. Entrée de l'église. - Période du 24 novembre au 2 décembre -

 

 

 A vrai dire il se demandait bien à quoi je lui serai utile. Enfin il se décide à m'envoyer me mettre en liaison avec le 344e d'Infanterie autre régiment de notre Brigade cantonné à Champenoux. Par la suite je l'accompagnais souvent dans ses tournées d'inspection à pied ou à cheval de jour comme de nuit.

 Au début en revenant un soir assez tard de Hoéville, nous sommes arrêtés à l'entrée d'Erbéviller par un territorial de garde. Je ne connaissais pas le mot du jour - je m'en souciais fort peu - mais le Commandant ne s'en souvenait pas non plus. Il a eu beau dire qui il était, qu'il était le Commandant d'armes du village, crier, jurer, essayer de passer quand même, rien n'y fît. Le vieux territorial l'aurait plutôt embroché avec sa baïonnette menaçante, il avait la consigne pour lui et se savait fort, ce n'était pas le moment de se laisser intimider. Avec tout ce bruit, le poste de police arrive. Nous avons le mot (je ne sais comment) "Anneau" et nous passons enfin!

 J'avais cru en arrivant et au cours de la nuit que nous étions au repos devant ce silence. Je supposais qu'au front l'on entendait le canon du matin au soir! Mais pas du tout, le Bataillon était en ligne dans des villages et des bois à peu de distance et le coin était un secteur des plus calmes. Le chef de Bataillon avait son P.C. à Erbéviller, où une compagnie sur 4 venait passer quelques jours au repos par roulement. C'est à peine si de temps en temps l'on entendait au loin des éclatements d'obus ou des départs. Je m'attendais quand même à plus d'activité, ce n'était pas la guerre mais presque la vie de cantonnement. Les hommes parlaient souvent des journées des 7-8-9 septembre où ils avaient perdus beaucoup d'amis et où ils avaient eu le baptême du feu. Les journées étaient employées à faire des exercices dans un pré derrière l'Eglise et en contre-bas. Ils ne pouvaient pas être vus des lignes.

 

1915 006

1914 - Erbéviller. L'église

 

 

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Commentaires
R
Oui cela ne rend pas toujours la lecture aisée car on sent qu'il a du mal à inclure ses nouvelles notes avec son récit.
H
"Le lendemain je fais la connaissance du Commandant Du Mesnil. J'ai tout de suite été rassuré sur son compte. C'était un grand et brave homme au verbe haut, ne ménageant pas ses jurons à l'occasion, brave et décidé, ne craignant personne, pas même les autorités supérieures! Au début de la guerre il commandait une compagnie de Bataillon (la 24e) et s'était parait-il distingué au cours de l'attaque de la forêt de Champenoux"<br /> <br /> Dans ce passage de Jean Bousquet on est confronté au problème du récit raconté après les évènements et donc surchargé des connaissances ultérieures qui s'interposent entre l'évènement et sa réappropriation. Il est évident que de ce premier contact l'auteur ne pouvait nullement extraire tout ce qu'il écrit sur ce commandant. Cela ne met pas en cause la sincérité de l'auteur, ni même une certaine objectivité puisque le récit est composé à partir d'un carnet rédigé au jour le jour et qu'à notre satisfaction Jean Bousquet enrichit son texte par des dessins ou aquarelles de qualité. Mais l'historien se doit de conserver une analyse d'autant plus critique que le témoignage est décalé dans le temps.
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